Faire un don

Votre navigateur internet n'est pas à jour.

Si vous souhaitez visionnez correctement le site d'Action contre la Faim, mettez à jour votre navigateur.
Trouvez la liste des dernières versions des navigateurs pris en charge ci-dessous.

AFG - Context - 2023 - Elise Blanchard (5) (2)-min © Elise Blanchard pour Action contre la Faim

À la Une

Afghanistan

À Kaboul, les habitants peinent à se nourrir

Les banlieues de Kaboul s’étendent et des campements temporaires de personnes déplacées à l’intérieur du pays apparaissent le long des routes. Dans le même temps, la classe moyenne urbaine s’est appauvrie avec la crise économique. Les femmes se retrouvent privées d’accès au marché du travail ce qui réduit les sources de revenus de nombreuses familles. En conséquence, la majorité de la population de la capitale est aujourd’hui confrontée à une pauvreté extrême, avec des taux de chômage qui atteignent des niveaux sans précédent.

Avec près de 3,2 millions d’enfants et 840 000 femmes enceintes ou allaitantes souffrant de malnutrition aiguë sévère ou de malnutrition aiguë modérée, l’Afghanistan a l’un des taux de malnutrition les plus élevés au monde. Selon le dernier rapport du Cadre Intégré de Classication de la sécurité alimentaire (IPC), 40 % de la population urbaine de Kaboul connaît des niveaux élevés d’insécurité alimentaire, classés dans la phase de crise ou d’urgence (phases 3 et 4 de l’IPC). Les taux de malnutrition, en particulier chez les enfants, sont en augmentation, ce qui a des conséquences à long terme sur leur santé.

 

 

Action contre la Faim ouvre une nouvelle Unité Thérapeutique de Nutrition

 

Pour faire face au nombre croissant de cas de sous-nutrition chez les enfants, Action contre la Faim a ouvert une unité thérapeutique de nutrition à Arzan Qimat, l’un des quartiers les plus peuplés de la capitale. « Auparavant, il n’y avait pas de structures médicales spécialisées dans le traitement de la malnutrition dans ce quartier. Le centre et l’ouest de Kaboul comptent sept unités thérapeutiques de nutrition, tandis que la zone Est, qui abrite 300 000 personnes, n’en a qu’une seule, gérée par Action contre la Faim. Nous l’avons ouverte en février de cette année et avons commencé à recevoir des patients le jour même« , explique le Dr Ajmal, responsable du renforcement des capacités.

L’unité thérapeutique est située au sein de l’hôpital public Ahmad Shah Baba. Elle offre des services de traitement 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 aux enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition aiguë sévère et de complications médicales. « Même si la plupart de nos patients vivent dans ce district, beaucoup viennent de zones rurales. La capacité d’admission de l’unité thérapeutique est de 15 lits, et nous envisageons d’augmenter ce nombre d’au moins 20 lits.”

 

AFG - Nut&Health - 2023 - Elise Blanchard (2) (3)-min © Elise Blanchard pour Action contre la Faim
AFG - Health & Nut - 2023 - Elise Blanchard (26)-min © Elise Blanchard pour Action contre la Faim
IMG_2303-min © Maryna Chebat pour Action contre la Faim
1/3

 

L’équipe est composée de médecins, d’infirmières, d’experts en santé mentale et de conseillers en nutrition. Outre les salles de dépistage, d’isolement et de traitement, l’Unité Thérapeutique de Nutrition dispose d’espaces adaptés aux mères et aux enfants où les femmes peuvent passer du temps seules, changer les vêtements et les couches de leur bébé, accéder à des articles d’hygiène ou trouver un peu d’intimité pour allaiter. Les femmes peuvent donc bénéficier d’espaces dédiés à la prise en charge psychologique et d’espaces adaptés aux bébés pour accéder à des pratiques de soins optimales, à des séances de psychostimulation et à un soutien psychosocial en personne.

Depuis février*, 250 enfants diagnostiqués malnutris aiguë sévère ont été admis à l’Unité Thérapeutique de Nutrition. En moyenne, l’équipe médicale d’Action contre la Faim admet 50 patients par mois. Ils peuvent venir directement dans l’unité ou bien se font reorienter par des hôpitaux et des cliniques de la ville. Les mères dont les enfants suivent un traitement reçoivent trois repas par jour et des paniers alimentaires après leur sortie de l’hôpital pour couvrir les besoins nutritionnels de la famille.

« Les enfants tombent malades à cause du manque de nourriture, ce qui entraîne des carences en nutriments, la pauvreté et des déplacements« , explique le Dr Ajmal. Parfois, les mères donnent la priorité à la nourriture de leurs enfants plutôt qu’à elles-mêmes, sacrifiant souvent leur propre santé. Elles peuvent ainsi perdre leur capacité à allaiter, ce qui ne fait qu’aggraver la situation. « C’est pourquoi les paniers alimentaires que nous fournissons aux familles sont très importants pour améliorer la sécurité alimentaire de l’ensemble du ménage – enfants et parents« .

 

Le difficile quotidien des habitants de Kaboul

 

Les familles qui disposaient autrefois de sources de revenus stables ont aujourd’hui du mal à joindre les deux bouts. Malgré des prix relativement stables, l’achat de nourriture est devenu un combat quotidien pour beaucoup. Les familles sont contraintes de faire des choix entre l’achat de nourriture et d’autres dépenses essentielles comme l’éducation et les soins de santé.

Khan Mohammed avait de grands espoirs en arrivant à Kaboul il y a presque 8 ans. Avec sa femme, il rêvait d’un avenir meilleur pour leur famille, espérant trouver du travail dans la capitale et établir un foyer stable pour leurs cinq enfants. Cependant, leur transition vers cette nouvelle vie n’a pas été sans difficultés.

« Nous avons déménagé à Kaboul parce qu’il n’y avait pas de travail à Paktia. Au printemps, c’était encore possible, mais en hiver, nous ne pouvions même pas trouver assez de nourriture pour nous tous« , explique Khan Mohammed. « Lorsque nous sommes arrivés à Kaboul, j’ai pu facilement trouver de petits boulots, mais aujourd’hui c’est impossible à cause de la situation actuelle et le chômage généralisé« .

Khan Mohammed est sans travail depuis deux ans, alors qu’il était chauffeur dans le passé. Les parents et les enfants vivent dans une petite pièce fournie par des proches, qui sert de cuisine et de chambre à coucher.

 

AFG - Nut&Health - 2023 - Elise Blanchard (2) (2)-min © Elise Blanchard pour Action contre la Faim
AFG - Nut&Health - 2023 - Elise Blanchard (11)-min © Elise Blanchard pour Action contre la Faim
1/2

 

Sa femme, Fatima**, est inquiète pour l’avenir alors que sa famille traverse une période difficile en raison de l’état de santé de leur petit garçon, touché par la malnutrition aiguë sévère. Peu après sa naissance l’année dernière, l’enfant a commencé à montrer des signes de sous-nutrition. Affaiblie par ces conditions difficiles, Fatima a eu du mal à allaiter correctement son bébé : « Lorsqu’il est né, je l’ai allaité pendant environ deux mois. Puis j’ai commencé à lui donner du lait local, ce qui, je pense, a eu un impact négatif. Après cela, il est devenu très faible et il perdait du poids.”

 

AFG - Nut&Health - 2023 - Elise Blanchard (9) (2)-min © Elise Blanchard pour Action contre la Faim

 

En juin, après de multiples consultations dans plusieurs hôpitaux publics et privés, l’enfant a été orienté et admis à l’Unité Thérapeutique de Nutrition gérée par Action contre la Faim. Bien que l’état de l’enfant se soit amélioré**, il est possible qu’il ait des difficultés de développement en raison de la prise en charge tardive. Inquiets, les parents comptent y retourner dans les semaines à venir pour un suivi médical. « Les médecins lui ont donné des médicaments et du lait, et son état s’est amélioré. On m’a dit que s’il tombait à nouveau malade, on l’admettrait à nouveau dans l’Unité Thérapeutique« , a confié Fatima. Le fait que l’organisation couvre tous les frais médicaux est important pour les parents. « Pendant notre séjour dans la structure, nous avons reçu d’excellents soins, avec un personnel dévoué et aux petits soins, fournissant non seulement du lait, des médicaments, mais aussi de la nourriture pour les mères« , se souvient Fatima. Heureusement, la famille habite à quelques rues de l’Unité Thérapeutique et peut se permettre de faire des allers-retours pour assurer un suivi adéquat de l’enfant.

Le témoignage de Khan Mohammed et Fatima n’est pas une exception, mais plutôt une nouvelle réalité pour de nombreux habitants de Kaboul. La perte d’un revenu régulier, les dettes et les chocs économiques ont appauvri encore davantage une population affaiblie par des années de guerre. Les zones rurales sont particulièrement vulnérables en raison de leur accès limité aux infrastructures médicales et la pauvreté. Les provinces comme le Ghor et le Nuristan se rapprochent dangereusement de la situation de famine.

La lutte contre la faim en Afghanistan nécessite une approche sur plusieurs fronts. Une aide humanitaire immédiate est essentielle pour garantir aux habitants un accès à des aliments nutritifs et un accès adéquat aux soins médicaux. Action contre la Faim demande instamment qu’une attention accrue soit accordée à la situation désastreuse en Afghanistan et appelle les donateurs à redoubler d’efforts pour s’assurer que les citoyens ordinaires ne subissent pas le poids de la crise actuelle.

 


* Pour la période entre Février – Juin 2023.  
** Le nom été changé à la demande de la famille. 

Restez informés de nos dernières nouvelles