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WhatsApp Image 2024-06-07 at 15.04.48-min © Action contre la Faim

Témoignages

TERRITOIRE PALESTINIEN OCCUPÉ

A Gaza, notre intervention est soumise à un niveau de défis et de contraintes sans précédent

 

Le 1er mai 2024, J.G. a été déployé pendant quatre semaines pour répondre à l’urgence à Gaza, et plus particulièrement à Rafah, où il a assisté les opérations d’Action contre la Faim en fournissant un soutien opérationnel et logistique comprenant l’achat, l’approvisionnement et la distribution ; un rôle clé pour s’assurer que l’aide puisse atteindre les personnes qui en ont le plus besoin. En raison du manque d’accès humanitaire, de la détérioration des conditions de sécurité et d’un contexte en constante évolution, Action contre la Faim, qui est présente à Gaza depuis 2005, et d’innombrables autres organisations humanitaires, ont dû à plusieurs reprises adapter leurs opérations afin de préserver des vies et d’accéder à ceux qui en ont le plus besoin.

Qu’est-ce qui vous a frappé en arrivant à Gaza ?

Ce qui m’a le plus frappé lorsque je suis arrivé à Rafah, c’est la densité des tentes sur le sable. Il n’y a plus un seul espace vide. Ces campements de fortune, parfois construits à partir de bois et de bâches, sont le seul hébergement de familles entières qui ont quitté leur maison sans rien et qui se retrouvent aujourd’hui à vivre dans des conditions très sommaires. Certaines personnes ne sachant plus où habiter se sont même installées dans des bâtiments complètement détruits.

Le long de la route entre Rafah et Deir el Balah, la ville où Action contre la Faim a maintenant sa base principale, la plupart des bâtiments ont été détruits. Depuis l’offensive du 7 mai, la partie orientale de Rafah a connu un niveau élevé de destruction, qui se poursuit actuellement. Dans d’autres villes, comme Khan Younis, aucun bâtiment n’a été épargné.

Que fait Action contre la faim à Gaza ?

Nous avons organisé des livraisons d’eau par camion, un mode de transport d’urgence qui est généralement une solution à court terme pour sauver des vies. L’eau propre est essentielle pour l’hygiène et la cuisine et empêche la propagation des maladies transmises par l’eau. Avant le conflit, la majeure partie de l’eau de Gaza était traitée dans des usines de dessalement ou pompée dans des puits, deux procédés qui nécessitent du carburant pour fonctionner au quotidien. Or, le carburant, comme d’autres produits dans la bande de Gaza, fait cruellement défaut. Ainsi, dans les jours qui ont suivi l’offensive du 7 mai, la plupart des organisations se sont préparées à suspendre leurs activités en raison du manque de carburant.  Outre la livraison d’eau potable par camion, Action contre la Faim a distribué des kits d’hygiène, des matelas, des couvertures, des oreillers et des tapis aux familles les plus vulnérables.

Le peu de nourriture disponible à Rafah provient de fermes ou de quelques camions commerciaux privés. Cependant, ces dernières semaines, les prix du marché ont grimpé en flèche et la population manque cruellement d’argent. Une bouteille de gaz pour la cuisine coûte entre 300 et 500 dollars sur les marchés, et la qualité de l’approvisionnement en nourriture varie en fonction de l’arrivage des camions commerciaux privés. La population est donc largement dépendante de l’aide humanitaire pour sa survie.

Actuellement, plus d’un demi-million d’enfants et de mères ont besoin d’une assistance nutritionnelle, et environ la moitié de la population de la bande de Gaza – soit plus d’un million de personnes – est menacée de famine. Pour prévenir la malnutrition, nos équipes ont distribué des rations d’un complément alimentaire appelé LNS (Suppléments nutritionnels à base de lipides). En outre, Action contre la Faim a récemment lancé un programme de santé et de nutrition, dans le cadre duquel notre personnel mène des actions de proximité auprès des communautés pour dépister les cas potentiels de malnutrition, évaluer les besoins et proposer des formations afin de prévenir et de répondre aux niveaux croissants de malnutrition et d’insécurité alimentaire.

En tant que logisticien, quel a été votre rôle lors de ce déploiement ?

Les premiers jours de mon arrivée ont coïncidé avec le début de l’offensive israélienne sur Rafah, le 7 mai. Depuis la base, j’entendais des bombardements assez proches de l’endroit où nous étions, et j’avais l’impression que tout allait s’effondrer.

En prévision de l’offensive, nous avons dû déplacer d’urgence notre base de Rafah à Deir al Balah, une ville située à 20 km au nord. Nous avons transformé un bâtiment en entrepôt d’urgence, ce qui nous a permis de relocaliser nos stocks et de poursuivre nos activités, bien qu’à plus petite échelle. Nous avons également installé un camp pour héberger toute notre équipe (une vingtaine de personnes et leurs familles), dont la plupart logeaient dans nos locaux. Dans les 24 heures qui ont suivi cette relocalisation, nous étions à nouveau opérationnels. 

En tant que logisticien humanitaire, outre la gestion de la chaîne d’approvisionnement, qui comprend les achats, la gestion du stockage et du transport pour que notre aide parvienne aux personnes qui en ont le plus besoin, j’apporte tout le soutien nécessaire aux équipes d’Action contre la Faim à Gaza. Il s’agit notamment de trouver et de gérer les bâtiments dans lesquels les équipes travaillent et d’assurer la continuité de l’approvisionnement en énergie et des télécommunications. Je suis également responsable de la gestion de la flotte de véhicules et des chauffeurs, ainsi que de la sécurité et de la réduction des risques pour les équipes. Cependant, malgré le respect scrupuleux des règles de sécurité, aucun endroit à Gaza ne peut être qualifié de sûr.

Quels sont les principaux obstacles à l’acheminement de l’aide humanitaire ?

Il est essentiel que la priorité soit donnée à la distribution de l’aide par voie terrestre et routière, y compris à tous les points de passage frontaliers tels que Rafah, Kerem Shalom, Erez et Karni. Cependant, celle-ci est souvent limitée par de nombreuses contraintes et la fermeture répétée de certains points de passage. Par exemple, le point de passage de Rafah est fermé depuis le 7 mai, laissant des milliers de camions bloqués de l’autre côté de la frontière en Egypte.

La route est le seul moyen pour l’aide d’atteindre une grande partie de la population. Les parachutages et les corridors maritimes ne remplacent pas les efforts visant à garantir un accès terrestre sûr et sans entrave et les passages frontaliers précédemment ouverts qui ont été fermés depuis.

À Gaza, notre intervention est soumise à un niveau sans précédent de défis et de contraintes en termes d’approvisionnement international, de besoins en carburant, de gestion de la sécurité et de coordination humanitaire. Si ces contraintes persistent ou s’aggravent, notre capacité d’intervention et celle des autres organisations humanitaires seront d’autant plus limitées. 

 

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