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PAK - Context - 2023 - Khaula Jamil (110)-min © Khaula Jamil pour Action contre la Faim

Témoignages

Pakistan

Un an après la montée des eaux : les familles témoignent

Cet événement tragique a laissé de nombreuses personnes sans abri et privées de leur principale source de revenus. Un an plus tard, deux familles des provinces les plus touchées reviennent sur cet événement tragique. Leurs récits de leurs pertes et de leur survie nous montrent comment cette catastrophe a affecté leur vie quotidienne et comment elles font face à leurs besoins.

 

Au Balouchistan, des inquiétudes persistent après les inondations meurtrières 

 

Le Balouchistan est la plus grande province du Pakistan. L’année dernière, 34 des 36 districts et plus de 360 000 personnes ont été touchés par des inondations soudaines. Parmi elles, la famille de Jannan, qui vit dans le camp de réfugiés de Surkhab, dans le district de Pishin. Établi à l’origine pour servir d’abri temporaire aux réfugiés afghans, ce camp s’est transformé en une installation permanente qui accueille aujourd’hui plus de 150 ménages d’origine afghane.

« Mes parents ont fui l’Afghanistan et se sont installés ici. J’ai 42 ans et je dois m’occuper d’une famille nombreuse« , explique Jannan. « J’ai huit enfants, qui sont trop jeunes pour travailler, alors je quitte la maison tôt le matin à la recherche d’un travail. J’ai travaillé dans une mine de charbon et j’ai été blessé à la jambe il y a 4 ou 5 ans. Aujourd’hui, je travaille comme ouvrier occasionnel et je gagne parfois 300 ou 500 roupies [entre 1-2 dollars]. C’est difficile de survivre comme ça« .

Jannan s’est retrouvé à l’épicentre de la catastrophe lorsque les fortes pluies de mousson ont commencé. « Nous avons entendu dire que le barrage était sur le point de céder. L’eau s’est dirigée vers nos maisons, emportant tout sur son passage. Lorsqu’il a commencé à pleuvoir abondamment, nous avons entendu le bruit de l’eau vers 21 heures. Nous étions dans nos chambres lorsque j’ai demandé à tout le monde de sortir, et d’autres personnes nous ont rejoints« . La réaction rapide et l’ingéniosité de Jannan ont permis de sauver sa famille et ses voisins. Malheureusement, il était impossible d’emporter tous nos biens car l’eau montait rapidement. « Nos chambres ont été abîmées, l’eau est entrée dans notre cour et nous n’avons rien pu faire pour l’arrêter. Comme tout le monde se dirigeait vers les montagnes, nous les avons suivis. Nous avons passé quelques jours dans les montagnes. Nous avons dormi sur des matelas« .

 

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À son retour, la famille ne se sentait pas en sécurité à l’intérieur de la maison : les pièces étaient endommagées et la pluie continuait à affaiblir les murs. À cause de l’humidité, le toit devenait de plus en plus instable et a finalement commencé à s’affaisser. « Nous n’avons pas dormi dans nos chambres pendant 4 ou 5 jours et avons passé tout notre temps dans la cour, bien qu’il fasse très froid. Nous avons réussi à couvrir le toit avec du plastique seulement lorsque la pluie s’est arrêtée, afin de nous sentir un peu plus en sécurité« .

Au Balouchistan, la plupart de personnes se procurent de la nourriture en empruntant ou en vendant des biens. Le camp de Surkhab est situé à 75 kilomètres au nord-est de Quetta, la capitale provinciale, ce qui rend difficile l’accès des habitants aux établissements de santé et la scolarisation des enfants. « Nous n’avons même pas assez d’argent pour acheter un sac de farine« , explique Jannan. « Les enfants sont malades et je dois aller leur chercher des médicaments tous les jours, ce qui nous coûte entre 1000 et 3000 roupies [entre 3,5 – 10 dollars] par visite. Alors j’achète du porridge pour 50 roupies [environ 20 centimes] et je cuisine pour nous tous« . Le manque d’opportunités d’emploi, en plus des catastrophes climatiques récurrentes, rend l’avenir très incertain.

 

Dans le Sindh, les familles se remettent encore des chocs subis après les inondations

 

La province de Sindh a été l’une des plus durement touchées par les inondations en 2022. Les districts les plus atteints, tels que Dadu, Khairpur et Mirpurkhas, sont restés sous l’eau pendant près de deux mois. En août 2022, 9,4 millions d’acres de cultures ont été inondés au Pakistan, dont 4,8 millions dans la seule province de Sindh. 

La famille de Basri vit dans la communauté très unie du village de Haji Wadhani, dans la zone rurale du Sindh. S’ils étaient habitués aux inondations annuelles dues à la mousson, la catastrophe qui les a frappés au cours de l’été 2022 était d’une toute autre ampleur. « Ma maison est située près de la rivière. Chaque année, les eaux noient le village et nous obligent à partir. Lorsque nous quittons nos maisons, nous nous installons sur les berges ou nous nous abritons dans n’importe quel endroit sûr. Mais si ça devient dangereux, nous partons vers Makli [ville]« .

Basri, comme beaucoup d’habitants de son village, n’avait jamais rien vu de tel. Face à la montée rapide des eaux, elle a dû prendre une décision difficile. Ses plus jeunes enfants s’accrochant à elle, elle a évacué la maison avec l’aide de voisins et a trouvé un abri sur un terrain plus élevé. « Nous avons réussi à déplacer une partie de notre bétail vers des zones sûres avant les inondations, mais j’ai dû emmener quelques chèvres avec moi ». Une fois sur place, les femmes ont dû se diviser en petits groupes et parcourir une distance considérable pour aller chercher de l’eau potable. Les familles ne pouvaient pas acheter de nourriture pendant ces journées et n’avaient absolument rien à manger pendant plusieurs jours.

« Les mots me manquent pour décrire les difficultés auxquelles nous avons été confrontés à l’époque« , raconte Basri en regardant sa maison. « Nos maisons se sont écroulées et le mur devant nous s’est effondré. La seule chose que nous pouvions faire était de sauver nos vies sans penser à nos biens ou à nos affaires personnelles« .

 

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Basri se souvient de ces jours tragiques remplis de panique et de peur : les parents ne pouvaient pas reconnaître leurs propres enfants, et d’autres ne savaient même pas où se trouvaient leurs enfants. « Les gens du village sont tombés malades. Mon beau-père n’était pas en état de se déplacer. Nous avons dû l’emmener avec son charpoi [lit tissé]. Bien que nous ayons insisté pour qu’il se rende dans un endroit sûr avant que ça soit trop tard, il a refusé en disant : « Je ne peux pas partir alors que mes enfants sont en train de se noyer ici”. Le chaos régnait partout et tout le monde essayait d’échapper au danger dans n’importe quelle direction. « Je prie pour que personne ne vive jamais un tel traumatisme.

La famille de Basri a pu retourner dans son village après trois longs mois d’exil. « Lorsque nous sommes rentrés dans nos maisons, nous avons dû tout remettre en place : les murs avaient besoin d’être enduits de boue, chaque coin devait être nettoyé à nouveau. Nous n’avons pas retrouvé grand-chose de nos affaires non plus« . Malgré les épreuves, la famille reste unie contre vents et marées. Il y a quelques années, la vie de Basri a pris un tournant soudain et tragique lorsqu’elle a perdu son mari, la laissant seule à s’occuper de ses enfants. Cette perte a laissé une trace importante dans leur vie. Cependant, ils ont appris à rester ensemble coûte que coûte dans les moments difficiles.

 

PAK - Context - 2023 - Khaula Jamil (4)-min © Khaula Jamil pour Action contre la Faim
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Basri et Jannan ont dû faire face à la tâche colossale de reconstruire leur vie et leur maison. Un an plus tard, l’impact des inondations est toujours visible dans leurs villages et leurs vies, et le manque d’opportunités d’emploi et le chômage restent les principaux obstacles à l’autonomie financière des ménages. Selon les dernières estimations, les inondations massives ont plongé 11 millions de personnes supplémentaires dans l’insécurité alimentaire, et les projections pour 2024 risquent de s’aggraver. En l’absence d’un soutien continu aux communautés touchées par les inondations, le chemin du redressement sera long et difficile.

 

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